Le Grand-Château d’Ansembourg, un lieu virgilien au Luxembourg
JOURNÉES DU PATRIMOINE 2014
CONFÉRENCE AU GRAND-CHÂTEAU D’ANSEMBOURG
(samedi 27 septembre 2014, de 15 – 16 h avec visite de l’allée mythologique)
SUJET DE LA CONFÉRENCE :
« Le Grand-Château d’Ansembourg, un lieu virgilien au Luxembourg »
Virgile, le plus grand poète de son siècle, continue de nous parler. Son œuvre marque la pensée européenne d’une trace profonde. Celui que Paul Claudel surnommait le « Cygne de Mantoue » est plus que jamais vivant, comme une source à laquelle notre imaginaire peut se rafraîchir aujourd’hui. L’âge d’Or qu’il a immortalisé dans ses textes est d’une actualité brûlante, surtout à une époque comme la nôtre, caractérisée par une dissipation des valeurs, la confusion internationale, la crise qui n’en finit pas, dans le mal être et la linéarité de la pensée. Loin d’être une énième utopie, ce mythe qu’évoque l’allée mythologique du Grand-Château d’Ansembourg, suscite chez le promeneur une réflexion sur le monde d’aujourd’hui et sur l’opportunité d’une « sculpture » de soi. Celles-ci sont invitées à s’inspirer d’une pensée synthétique, aiguillonnée, comme chez les Anciens, de la coexistence des contraires.
Le premier siècle avant J.-C. est déchiré par une grave crise : guerre civile, doute qui s’installe dans les esprits, effondrement des anciennes valeurs et des institutions. En même temps, c’est une période de grands espoirs. Le projet politique d’Octave – le futur Auguste, est vécu par certains comme une véritable mystique et une renaissance. Pris dans cette crise, Virgile témoigne, à travers deux chefs-d’œuvre – les Bucoliques et les Géorgiques. Il donne à voir l’âge d’Or et son Arcadie, il trouve avec les mots, la nouvelle alliance entre le cosmos et les hommes de son temps. Cette époque mythique, également appelée « règne de Saturne », est un « ver aeternum » (printemps éternel), selon l’expression du poète Ovide (Métamorphoses, I, 107). Par-delà le genre bucolique, dont elle est moins représentative, la IVe Bucolique est une prophétie et un discours messianique sur le retour de l’âge d’Or. Nonobstant les possibles interprétations de l’identité de l’enfant qu’elle mentionne, elle met en scène la figure du « Puer Aeternus », de cet enfant toujours jeune symbolisant la figure éternelle de la régénération.
L’allée mythologique du XVIIIe siècle du Grand-Château d’Ansembourg, joyau paysagistique et quasi fantasmagorique de cet ensemble architectural, contient une clé pour une série d’interprétations symboliques qui a été incorporée dans le jardin par son créateur. Elle donne une vision vivante du mythe de l’âge d’Or, et en souligne ainsi l’actualité. Le temps d’une promenade et de sa rêverie poétique et mythologique, elle trace le cheminement d’une réflexion sur soi-même dans le monde d’aujourd’hui : la distance que permet le mythe est un moyen de ne pas subir l’affrontement des religions, des utopies humaines et de la loi du plus fort. C’est aussi une occasion de penser la paix sublimant les conflits, l’agrément issu du travail dans l’harmonie avec la nature, le sentiment de justice intérieure par-delà l’extériorité sociale de la Loi.