Enée, héros de la migration
À l’heure où les migrations tous azimuts défraient la chronique, force est de constater que les grands récits de l’Antiquité rappellent ce que notre monde doit à l’expérience fondatrice du déchirement, du voyage, de l’exode. Et ce par l’intermédiaire de migrants désormais célèbres, qui ont fait l’expérience déchirante de celui qui quitte sa patrie et connaît l’exil. Leur migration est la matrice narrative de l’expérience même du monde. C’est à eux que nous devons notre monde et notre identité. Rescapé de la destruction de Troie, Énée est un héros fondateur et civilisateur, dépositaire du vieux fonds moral romain. Ancêtre intemporel de tous les réfugiés du monde, il incarne la figure universelle de l’exilé. Et en tant que tel, il participe, selon l’expression de la philosophe Simone Weil, de «l’avant-garde de la condition humaine».
Voici l’article paru dans la « Warte » (Luxemburger Wort – 01.10.15)